Dans cet article, l’idée est de mettre en évidence les difficultés du terrain à Madagascar. Malgré toutes les bonnes volontés, de nombreux obstacles s’érigent sur les chemins et rend la tâche ardue. Madagascar n’est pas un terrain facile à structurer et organiser. Allons voir cela de plus près avec l’exemple de l’Association AROVA.
Mission d’AROVA
Création d’AROVA
Lors de son séjour de 2008 à 2012 à Madagascar (nous en parlerons dans un prochain article), Michel Pidoux a été à l’origine de la création d’un groupe de travail clinique, constitué de 7 médecins généralistes (de l’hôpital public ou des médecins privés) sur l’efficacité et l’innocuité des huiles essentielles (HE) malgaches pour les maladies courantes.
Les médecins généralistes appartenaient en majorité à l’AMC (Association des Médecins Communautaires).
La synthèse de tous les travaux réalisés a été publiée dans des revues internationales et dans le livre : « Huiles essentielles de Madagascar, usages et résultats cliniques ».
Puis en 2015, d’autres médecins se sont regroupés avec Michel pour former AROVA.
A ce jour, Michel est co-fondateur mais ne fait pas partie du bureau.
Le bureau aujourd’hui
Aujourd’hui, les Doctoresses Nirina et Jeannine constituent le noyau dur du bureau. L’association est petite et ne comprend pas plus de 10 adhérents. Ce sont principalement les co-fondateurs qui sont adhérents.

La santé par les ressources naturelles
La mission d’AROVA est de former le personnel médical et paramédical public ou privé de l’île à l’aromathérapie médicale – en accord avec le ministère de la Santé malgache. AROVA se concentre essentiellement sur les ressources naturelles locales notamment les huiles essentielles et les plantes médicinales en vue de développer leur utilisation au bénéfice du plus grand nombre dans les structures de santé (dispensaires, centres de santé primaires).

Adhérer à AROVA
Selon Michel, il serait souhaitable que chaque participant à une formation sous convention Arova devienne adhérent même si l’adhésion demeure financièrement symbolique.
Dans l’état actuel des choses, l’association a le droit de vendre ses mélanges/ synergies et huiles essentielles exclusivement aux agents de santé formés à leur usage, dans l’attente de la délivrance de l’Autorisation de Mise sur le Marché officielle (qui leur permettra une vente au public).
Ainsi, chaque personne formée par AROVA pourrait acquérir ces produits en adhérant lors d’une formation. Chaque adhérent à l’association sera de fait formé à l’aromathérapie (ce qui éviterait de devoir vérifier si l’agent a suivi une formation).
Formation sur le terrain et suivi
Dans un souci d’autonomisation des équipes sur place, Michel dit avec humour :
« Pourquoi est-ce un « wazaha (un européen)» qui vient vous présenter l’usage de vos huiles essentielles ? ».
Dans l’état actuel des choses, les formations ont lieu seulement lorsque Michel se rend à Madagascar. Une fois par an du coup ... Cela n’est pas suffisant ! Michel aimerait que les équipes sur place osent davantage et prennent le relais sur le terrain.
Il y a beaucoup de demandes et de travail à faire. Toutes les personnes non formées qui souhaiteraient l’être et évidemment le suivi des équipes formées sur le terrain.

Docteur Jeannine, membre d'AROVA
Vocations de formateurs
Michel appelle donc aux vocations de formateurs ! Et en malgache si possible, le niveau de français étant très aléatoire dans les assemblées. Néanmoins, les choses bougent et quelques courageuses se sont proposées volontaires.
Docteur Nina installée à Antananarivo. Elle pourrait envisager de prendre le relais. Aujourd’hui, elle intervient chez APAROMA (nous en palerons dans un prochain article) mais pourrait envisager de le faire pour les 2 associations.
Mirana, docteur en pharmacie serait d’accord pour intervenir sur les aspects dosages et sécurité d’utilisation des huiles essentielles.
Docteur Hanitra, médecin, pourrait assurer le suivi des gens formés. En effet, il est primordial que les personnes une fois formées pratiquent sur le terrain. Tout aussi important qu’il y ait donc un suivi en cas de doute.
Pour cela il faudrait plusieurs déplacements à faire dans les dispensaires de campagne... Et les déplacements à Madagascar se font dans des conditions différentes que celles auxquelles nous sommes habitués en Europe. 200 kilomètres à faire à Madagascar, c’est la mer à boire.
Difficultés de mise en pratique sur le terrain
Financement des actions de formation
Le financement des actions de formation est réalisé principalement via les fondations que sollicite Michel : Gatefossé en 2017 avec une bourse de 5.000 euros pour soutenir les actions d’AROVA. Et depuis 2 ans, la Fondation Mérieux, dont le domaine de prédilection est l’infectiologie. Le soutien pour cette année se monte à 5000 euros dont 1700 ont été utilisés pour cette session 2022.
Il faut bien comprendre que les déplacements à Madagascar coûtent cher en temps et en argent (les salaires ne sont pas ceux de la France). Tous les participants ont donc été indemnisés pour leur venue, et les frais de déplacement remboursés. Sans l’intervention et le soutien de la Fondation Mérieux, il aurait donc été impossible de mener à bien cette session de formation.
Indemnisation des formateurs
Pour se faire une idée de l’ampleur de la tâche, voici un cadre global :
Madagascar, l’île-continent : 1 580 km et large de 580 km, superficie de 587 000 km2, peu de routes goudronnées, abondance de trous dans la route, nombreuses pistes en terre, souvent impraticables en saison des pluies.

La région du Vakinankaratra en rouge au milieu.
Nous avons le ministère de la santé (Minsan) qui décentralise vers les Directions régionales de la santé. Qui a leur tour s’en remettent aux médecins inspecteurs de chaque district sanitaire. Un district sanitaire couvrant de très grandes zones rurales.
Et il y a encore trop de districts sanitaires à former. Il faut donc multiplier les formations !
Seulement, le bénévolat à Madagascar a ses limites. Comme évoqué ci-dessus, le temps et le déplacement, c’est de l’argent. Il devient donc urgent de trouver des finances pour supporter ces bonnes âmes prêtes à donner de leur temps et compétences pour la formation.
Disponibilité des produits
Les produits et synergies sont disponibles aujourd’hui seulement à Antsirabé.
Cela pose deux problèmes majeurs :
Le premier : En l’état actuel des choses, aujourd’hui, c’est la présidente d’AROVA qui s’occupe des préparations quand elle le peut (avant, un membre du bureau avait la charge de toutes les préparations et recevait une indemnité à chaque flacon préparé).
Cette année, Michel et quelques membres d’AROVA se sont attelés à la tâche et ont réalisé la mise en flacon ... la veille des sessions de formation.
Le deuxième : la présidente prépare et vend les synergies/ flacons dans son bureau à l’hôpital public. Mais les Malgaches n’aiment pas se rendre à l’hôpital. L’idéal serait de disposer d’un lieu neutre, un local, un dépôt...
Association des Médecins Communautaires : des solutions possibles ?
Des solutions pourraient être trouvées du côté de l’Association des Médecins Communautaires (AMC) dont le réseau est étendu et disséminé dans les campagnes de Mada (un prochain article sera dédié à ce sujet). Certains ne sont pas loin d’Antsirabé. Pour les plus éloignés, il serait envisageable de leur faire parvenir les synergies/ flacons par taxi brousse aux médecins déjà formés (environ une quarantaine sur 60 membres).
Etat des lieux : Un premier groupe de médecins communautaires a été formé en 2017, une vingtaine cette année. Depuis, ils ont un peu disparu dans la nature. Impossible de savoir s’ils pratiquent. Aucun compte-rendu n’est réalisé, aucune feuille de maladie revenue ...
Michel en a parlé avec le président et la représentante de l’AMC de la région Vakinankanatra. Cette dernière devrait rencontrer la présidente d’AROVA pour en discuter.
Le meilleur que l’on puisse souhaiter pour que ces efforts s’ancrent durablement dans le temps, c’est de chercher des solutions et mettre en place des réseaux pour avancer.